Ø Citation Maître
Eckhart : « Si
vous vous aimez vous-mêmes, vous aimez chacun comme vous-mêmes. Aussi longtemps
que vous aimerez quelqu’un moins que vous-mêmes, vous ne réussirez pas vraiment
à vous aimer, mais si votre amour s’étend à tous également, vous- mêmes y
compris, vous aimerez l’ensemble des êtres comme ne faisant qu’une seule
personne, et cette personne est à la fois Dieu et l’homme. Aussi est-il grand
et juste celui qui, s’aimant lui-même, aime tous les êtres d’une égale façon. »
(Meister Eckhart, traduit
par R.B. Blakney, Harper & Brothers, New York, 1941, p. 204)
Ø On parlera beaucoup de l’homme
dans cet exposé (personnellement, j’essaie de l’éviter, mais dans les
citations, je ne peux pas l’enlever) : entendre être humain, en
grec anthropos.
Ø Une anthropologie catholique… Je ne pense pas qu’il faille diminuer l’être
humain pour grandir Dieu. En ternissant l’image de l’homme, on ternit
inévitablement celle de Dieu qui est son créateur.
Ø Un conférencier bien connu commence son
séminaire en tenant bien haut un billet de 100 Euros. Il demande aux gens :
« Qui aimerait avoir ce billet ? » Les mains commencèrent à se
lever, alors il dit :
« Je vais donner ce billet de 100 Euros à
l’un d’entre vous, mais avant, laissez-moi faire quelque chose avec. » Il
chiffonne alors le billet et demande ensuite :
« Est-ce que vous voulez toujours ce
billet ? » Les mains continuèrent à se lever.
« Bon, d’accord, mais que se passera-t-il
si je fais cela : » Il jette le billet froissé par terre, saute à
pieds joints dessus, le recouvrant de la poussière du plancher.
Ensuite, il demande : « Qui veut
encore de ce billet ? » Évidemment, les mains continuèrent à se
lever.
« Mes amis, vous venez d’apprendre une leçon… Peu importe ce
que je fais avec ce billet, vous le voulez toujours parce que sa valeur n’a pas
changé, il vaut toujours 100 Euros. Alors pensez à vous-mêmes, à votre vie.
Plusieurs fois dans votre vie, vous avez été, vous serez souillés, froissés,
rejetés par les gens et les événements. Vous avez l’impression que vous ne
valez plus rien, mais en réalité, votre valeur n’a pas changé. La valeur
intrinsèque d’une personne ne tient pas à ce que l’on vous a fait, à ce que l’on
a fait de vous. Mais l’être humain ne vaut pas 100 Euros, il a une valeur
infinie que rien, que nul ne peut ôter.
Ø
Peu
importe ce que je fais avec ce billet, vous le voulez toujours, car sa valeur
ne change pas. Un billet neuf,
un vieux billet ; un billet en bon état, un billet abîmé, il vaut toujours
100 Euros Il en est de même pour l’être humain : en bonne santé -
gravement malade ou handicapé ; productif ou à charge de société ;
jeune ou sénile ; moche ou miss Suisse ; clochard ou président de la
république ; sa valeur intrinsèque (fondamentale) ne change pas. Abîmés
par la vie, salis par des événements, souillés par des personnes, votre valeur
intrinsèque ne change pas. Or, l’être humain ne vaut pas 100 Euros, mais a une
valeur infinie.
Ø
Selon la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme
de 1948, « tous les êtres humain naissent libres et égaux
en dignité et en droits » (Article
premier), tous les êtres humains, quels qu’ils soient, sont pourvus d’une
dignité égale.
Une vieille légende hindoue raconte qu’il y eut un temps où tous les
hommes étaient des dieux. Mais ils abusèrent tellement de leur divinité que
Brahmâ, le maître des dieux, décida de leur ôter le pouvoir divin et de le
cacher en un endroit où il serait impossible de le retrouver.
Lorsque les dieux mineurs furent convoqués à un conseil pour résoudre le
problème, ils proposèrent ceci : « Enterrons la divinité de l’homme
dans la terre. » Mais Brahmâ répondit : « Non, cela ne suffit
pas, car l’homme creusera et la trouvera. »
Alors les dieux répliquèrent : « Dans ce cas, cachons la
divinité dans le plus profond des océans. » Mais Brahmâ leur répondit de
nouveau : « Non, car tôt ou tard, l’homme explorera la
profondeur des océans. Et il est certain qu’un jour, il la trouvera et la
remontera à la surface. »
Alors les dieux mineurs conclurent : « Nous ne savons pas
où la cacher, car il ne semble pas exister sur terre ou dans la mer d’endroit
que l’homme ne puisse atteindre un jour. »
Alors Brahmâ dit : « Voici ce que nous ferons de la divinité
de l’homme : nous la cacherons au plus profond de lui-même, car c’est le
seul endroit où il ne pensera jamais à le chercher. »
Depuis ce temps-là, conclut la légende, l’homme a fait le tour de la
terre, il a exploré, escaladé, plongé et creusé, à la recherche de quelque
chose qui se trouve en lui.
Ø
Gn 1,
26-27 : « Dieu
dit : "Faisons l’homme à notre image, comme notre ressemblance …
Dieu créa l’homme à son image, à l’image
de Dieu il le créa. »
Placée au début de la Bible, dans le 1er
chapitre de la Genèse, cette affirmation
est « comme un portique d’entrée », (Bruguès,
2, I, 19) toute l’histoire de l’humanité et le projet de Dieu s’y trouve
condensé.
Ø
Ps 8,
6-7 : « Qu’est-ce
que le mortel pour que tu t’en souviennes, le fils d’Adam que tu en prennes
souci. A peine le fis-tu un peu moindre qu’un Dieu ; tu l’as
couronné de gloire et de beauté, pour qu’il domine sur les œuvres de tes
mains ; tout fut mis par toi sous ses pieds. »
Ø
L’homme
est la seule créature créée à l’image de Dieu.
Pour comprendre la force de cette affirmation, il faut se rappeler que
les représentations de Dieu étaient interdites dans l’AT. L’être humain est
la seule image de Dieu autorisée.
Ø
L’être
humain est la seule créature que Dieu a voulue pour elle-même, toutes les
autres ont été créées en vue de l’homme.
Dieu l’a « constitué seigneur de toutes les créatures terrestres. »
(Gaudium et spes 12, 3)
Le Concile
Vatican II, s’appuyant sur les connaissances des sciences humaines
modernes, dit que l’être humain est comme un résumé de la création, un résumé
de l’univers qui trouve en lui son sommet, son achèvement. (cf. Gaudium et spes 14, 1) L’être humain
est le sommet, l’aboutissement de toute l’œuvre de création.
Une affirmation très proche de celle de Sophocle, un penseur de l’Antiquité
grecque, qui disait : « Il
est bien des merveilles en ce monde, mais il n’en est pas de plus grande que
l’homme. »
Jean
Chrysostome : « Quel
est donc l’être qui va venir à l’existence
entouré d’une telle considération ? C’est l’homme, grande et
admirable figure vivante, plus précieuse aux yeux de Dieu que la création toute
entière : c’est l’homme, c’est pour lui qu’existent le ciel et la terre et
la mer et la totalité de la création, et c’est à son salut qu’Il n’a même pas
épargné son Fils unique pour lui. » (Serm. in Gen. 2, 1.)
Ø
A relever
qu’en grec, image se dit eikhôn. L’homme est ainsi l’icône
de Dieu. En tant qu’icône de Dieu, l’être humain est un reflet de la gloire
divine, de sa splendeur, un éclat de sa beauté.
Ø
Selon Grégoire de Nysse, un Père de l’Église,
l’homme est une miniaturisation de Dieu.
Ø
Gaudium
et spes 22,1 : Le mystère
de l’être humain (Adam, le terrien), sa grandeur, sa dignité, ne se comprend
vraiment qu’à la lumière de l’incarnation du Fils de Dieu. Le Christ, Nouvel
Adam, « manifeste pleinement l’homme à lui-même et lui découvre la
sublimité de sa vocation. »
Ø
Gaudium et spes 22,2 : « "Image
du Dieu invisible" (Col. 1, 15) Il est l’Homme parfait qui a
restauré dans la descendance d’Adam la ressemblance divine. » Dans le
Christ, la nature humaine a été élevée à une dignité sans égale. « Car,
par son Incarnation, le Fils de Dieu s’est en quelque sorte uni Lui-même à tout
homme. Il a travaillé avec des mains d’homme, Il a pensé avec une intelligence
d’homme, Il a agi avec une volonté d’homme, Il a aimé avec un cœur d’homme. Né
de la Vierge Marie, Il est vraiment l’un de nous, en tout semblable à nous,
hormis le péché. »
Parce
qu’il a assumé tous les éléments de notre nature humaine, corps, intelligence,
volonté, cœur, il rend à cette humanité son vrai visage, il lui redonne sa
beauté première. St Paul :
« Celui qui est en Jésus-Christ est une Création nouvelle »
(2 Co 5, 17)
Ø
Selon St Irénée, « Dieu s’est fait
homme pour que l’homme puisse devenir Dieu » (Adv,
haer., V,
préf.) Une affirmation qui
revient constamment chez les Pères de l’Église. Dieu s’est abaissé jusqu’à
l’homme pour l’élever jusqu’à la nature divine.
L’histoire de Dieu avec
sa créature humaine est une histoire d’amour. Dans cette histoire, chacun est
unique, est voulu et choisi par Dieu. Chacun est aimé d’un amour filial, d’un
amour nuptial. C’est l’histoire d’un Dieu qui attend, qui accueille et implore
la réponse d’amour de sa créature.
Ø
Is 43,
4 : « Tu comptes beaucoup à mes yeux, tu as du prix et je
t’aime. »
Ø
L’amour
de Dieu pour chacun de nous est plus grand que l’amour d’une mère : Is 49, 15-16 : « Une femme
oublie-t-elle son petit enfant, est-elle sans pitié pour le fils de ses
entrailles ? Même si les femmes oubliaient, moi, Yahvé, je ne t’oublierai
pas. Vois, je t’ai gravée sur les paumes de mes mains. »
Is 66, 10 : « Réjouissez-vous avec
Jérusalem, exultez en elle, vous tous qui l’aimez, soyez avec elle dans
l’allégresse, vous tous qui avez pris le deuil sur elle, afin que vous soyez
allaités et rassasiés par son sein consolateur, afin que vous suciez avec
délices sa mamelle plantureuse. (…) Vous serez allaités, on vous portera sur la
hanche, on vous caressera en vous tenant sur les genoux. Comme celui que sa
mère console, moi aussi, je vous consolerai. »
Ø
Cet amour est aussi comme l’amour d’un père pour son nourrisson : Os 11, 3-4 : « Et moi, j’avais appris à
marcher à Éphraïm, je le prenais par les bras, et ils n’ont pas compris que je
prenais soin d’eux. je les menais avec des attaches humaines, avec des liens
d’amour ; j’étais pour eux comme celui qui soulève un nourrisson tout
contre sa joue, je m’inclinais vers lui et je le faisais manger. »
Ø
C’est
encore l’amour du créateur pour sa créature, comme le potier pour la création
de ses mains : Is 64,
7 : « Seigneur, tu est notre père, nous
sommes l’argile, tu es notre potier, nous sommes tous l’œuvre de tes mains. »
Ø
C’est
l’amour d’un berger pour ses brebis, avec des accents d’une incroyable tendresse : Is 40, 11 :
« Tel un berger il fait paître son troupeau, de son bras il rassemble
les agneaux, il les porte sur son sein, il conduit doucement les brebis
mères. » Un bon berger, nous dit le NT, qui va jusqu’à donner sa vie
pour ses brebis.
Ø
C’est
encore l’amour d’un époux pour son épouse : Is 54, 5. 8. 10 : « Ton créateur est ton époux, le
Seigneur Sabaot est son nom. (…) Dans un amour éternel, j’ai eu pitié de toi,
dit le Seigneur, ton Rédempteur. (…) Car les montagnes peuvent s’écarter, les
collines chanceler, mon amour ne s’écartera pas de toi, mon alliance de paix ne
chancellera pas, dit le Seigneur qui te console. »
Is 62, 4-5 : « On t’appellera :
"Mon plaisir est en elle" et ta terre : "Épousée". Car
le Seigneur trouvera en toi son plaisir, et ta terre sera épousée. Comme un
jeune homme épouse une vierge, ton bâtisseur t’épousera. Et c’est la joie de
l’époux envers l’épouse que ton Dieu éprouvera à ton sujet. »
Tout le Cantique des Cantiques peut
d’ailleurs être lu comme l’amour que Dieu porte à chacun des êtes humains qu’il
a créé, l’amour d’un époux pour son épouse.
Ps 44, 11 : « Écoute ma fille,
regarde et tends l’oreille, (…) le roi sera séduit par ta beauté. »
Dieu est séduit par la beauté de l’être humain qu’il a créé.
Selon M.
Zundel, l’histoire de Dieu et de la création de l’être humain est
une histoire nuptiale : Zundel disait : « La création commence aujourd’hui, dans la
mesure où nous fermons l’anneau d’or des fiançailles éternelles. »
(op. cit., p. 153) Zundel disait encore que « l’incarnation,
c’est le baiser que Dieu a donné à l’univers. Par l’incarnation, Dieu s’est
fiancé à l’humanité » (op. cit., p. 148) « Le Christ, c’est un cœur qui bat
dans le nôtre. » (op. cit., p.
150)
Ø
En
Jésus-Christ, Dieu nous révèle que chacun d’entre nous a un tel prix à ses yeux
que, pour nous sauver, il est venu marcher à nos côtés, il s’est fait le plus
proche qu’il est possible de sa créature. Il est venu partager nos souffrances,
nos maladies. Dieu s’est fait le bon berger qui a donné sa vie pour chacun
d’entre nous.
Jésus nous révèle que « Dieu est
Amour, qu’Il est tout Amour, qu’il n’est rien qu’Amour. » (M. Zundel, in m. Donzé, L’humble présence, p. 129)
Ø Le NT révèle aussi l’immense
dignité de l’être humain : nous sommes le temple, le sanctuaire de
Dieu :
1 Co 3, 16-17 : « Ne savez-vous pas que vous êtes un temple de
Dieu, et que l’Esprit de Dieu habite en vous ? Si quelqu’un détruit le
temple de Dieu, Dieu le détruira. Car le temple de Dieu est sacré, et ce temple
c’est vous. »
1 Co 6, 19 : « Ne savez-vous pas
que votre corps est un temple du Saint-Esprit, qui est en vous et que vous
tenez de Dieu »
Ø
Nous
sommes encore le reflet de la gloire de Dieu : 2 Co 3, 18 : « Nous tous qui, le
visage découvert, réfléchissons comme en un miroir la gloire du Seigneur, nous
sommes transformés en cette même image, allant de gloire en gloire. »
Ø
Qui
est Zundel : Paul VI : Un prophète et mystique, mort vers 1970. Un prophète dérangeant, comme
tous les prophètes….
Ø Il y a au départ de la
pensée de Zundel cette affirmation centrale : « Je crois en l’homme, parce
que Dieu le premier a cru en l’homme. » Pour connaître la grandeur
Dieu et croire en lui, il faut commencer par croire en l’homme et reconnaître
sa dignité. « Car, dans notre histoire, ces deux présences sont
indissociables. » (in M. Donzé,
L’humble présence, p. 17) « Pour que nous devenions
vraiment un Évangile vivant, il faut que nous croyions en l’homme. Il faut, en
d’autres termes, qu’en tout homme nous percevions et respections – et d’abord
en nous-mêmes -, le caractère sacré d’une dignité et d’une valeur unique. »
(op. cit., p. 16).
Ø
Zundel
disait en parlant du Christ :
« Jésus a la passion de l’homme. Sa religion, c’est la religion de
l’homme. »
« Il est clair que, si le christianisme
est la religion de l’homme, s’il y a en Jésus une telle passion pour
l’humanité, si Dieu est à genoux devant l’homme, il y a une possibilité de nous
entendre avec ceux qui glorifient l’homme comme un dieu. (…) Le monde moderne a
la nostalgie de la divinité de l’homme et il a bien raison et le Christ est, au
fond, l’origine de cette nostalgie : c’est lui qui a placé l’homme si
haut, c’est lui qui a mis notre liberté au prix de la croix, c’est lui qui nous
a révélé un Dieu à genoux devant l’homme. »
Jésus-Christ a la passion de l’homme, et cela l’a amené à la Passion, sur la croix : « Personne n’a eu la
passion de l’homme comme Jésus. Personne n’a situé l’homme plus haut que Jésus.
Personne n’a payé le prix de la dignité humaine comme Jésus. » (op. cit., p.
146)
« Personne plus que le Christ ne croit
en la grandeur de l’homme parce que personne plus que le Christ n’a payé pour
la grandeur de l’homme. Et c’est pourquoi nous ne pouvons pas être chrétiens
sans croire en l’homme, sans vouloir passionnément la grandeur de l’homme, et
il s’agit d’y travailler de tout notre pouvoir. Quand nous aurons rendu la vie
plus belle et les hommes plus heureux, alors oui, ce sera le Royaume de Dieu,
parce que le ciel c’est ici, maintenant. » (op. cit., p. 147)
Ø Grandeur de l’être humain parce qu’il est le
sanctuaire de Dieu, parce qu’il est le Royaume de Dieu : « Le dernier mot de l’Évangile, c’est
l’homme, parce qu’il n’y a pas d’autre sanctuaire de la divinité. »
« L’Évangile est ainsi axé sur l’homme, parce que l’homme est le
Royaume de Dieu. » (op.
cit., p. 126)
« Le Royaume de Dieu est au-dedans de
vous, vous êtes le tabernacle vivant où Dieu demeure. » (op. cit., p.
103)
Ø Pour Dieu, toute vie humaine a une valeur
infinie, aussi abîmée, aussi
fragile soit-elle. Le pauvre, le malade, l’affamé, le prisonnier, l’étranger,
Jésus s’est identifié à lui: « J’avais faim, vous m’avez donné à
manger ; j’ai eu soif, et vous m’avez donné à boire ; j’étais un
étranger, et vous m’avez accueilli ; nu et vous m’avez vêtu ; malade
et vous m’avez visité ; prisonnier et vous êtes venu me voir. (…) En
vérité je vous le dis, dans la mesure où vous l’avez fait à l’un de ces plus
petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait. » (Mt 25, 40)
C’est pourquoi toute personne a une valeur infinie à ses yeux.
Lors du lavement des pieds, en s’agenouillant aux pieds de ses disciples,
c’est aux pieds de chacun d’entre nous qu’il s’est agenouillé.
Ø
M. Zundel, commentant l’amour maternel
de Dieu, disait : « Comment voulez-vous qu’une mère condamne
son fils ? La mère ira en prison pour lui, elle mettra sa tête sur
l’échafaud pour lui, elle se prêtera, elle s’offrira, plutôt que de livrer son
fils. Est-ce que Dieu aurait moins d’amour qu’une mère ? C'est pourquoi
Dieu se livre sur la croix…c'est pourquoi Dieu meurt pour ceux-là qui le
crucifient, meurt pour ceux-là qui refusent obstinément de l’aimer, c’est ce
qu’il fera toujours. » (op. cit., p. 108)
Jésus nous révèle le visage d’un Dieu qui a
pris sur lui nos souffrances, nos maladies et nos infirmités. Un Dieu qui est
prêt à souffrir aux côtés de ses fils, et même à la place de ses enfants. Un
Dieu qui dit : plutôt que de faire souffrir un de mes enfants, faites
plutôt souffrir moi-même !
Ø
M. Zundel : « La grandeur de
Dieu, c’est qu’il est tout Amour et la grandeur de Dieu, c’est qu’il n’a rien.
La grandeur de Dieu, c’est qu’il donne tout. La grandeur de Dieu, c’est qu’il
se vide éternellement de lui-même. La grandeur de Dieu, c’est qu’il est vide de
soi. Et justement, c’est à cette grandeur que Dieu nous appelle : une
grandeur qui est en nous-mêmes, une grandeur qui ne peut nous être enlevée, une
grandeur qui coïncide avec notre existence et non pas avec notre situation, qui
est dans ce que nous sommes et non dans ce que nous faisons. »
Michel Maret, Communauté du
Cénacle au Pré-de-Sauges